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Une grosse infrabasse faisait déjà vrombir la pénombre quand nous nous sommes faufilées dans la Gaité Lyrique comme de mauvaises élèves en retard, la pluie froide de ce jeudi soir dégueulasse glissant encore dans nos cheveux. Fidèle à sa réput’, la salle affiche un bon taux de 25 beaux gosses au m2, avec ici et là de jolies pépettes à chignon du 15ème et des cinquantenaires – « tellement, mais tellement fans de Bowie » coiffés de casquettes tendances. Un public éclectique face aux quatre « bêtes sauvages » (Google Translate permettra à chacun de comprendre la fine référence) qui investissent la scène…
Oh. C’est moi ou il est méchamment sexy ce Hayden Thorpe?? Bon, c’est peut-être moi. Quoiqu’il en soit, chignons et casquettes dodelinent dès les premiers accords pop-rock de Big Cat, extrait du dernier album Boy King. Basses et kicks tout ronds, voix suaves, synthé funky goût bonbon Arlequin, guitares acidulées, lights arc-en-ciel, oreillettes clignotantes et déhanchés calculés : c’est pro, c’est net, c’est lavé avec Mir Laine.
Un peu trop propre? Tss tss, minute poupée. Deux pages de pubs bonbon / lessive plus tard, le chanteur prévient, avec un « we are going to take it to the past tense » faussement innocent, que la température va grimper… et qu’être bad boy, mademoiselle, c’est un métier. Car le son devient electro-rock musclé, les voix se font criardes, le déhanché carrément lascif. De Get my Bang à Wanderlust, Wild Beasts explore une masculinité drôle et paumée, limite perverse. Bien camouflés derrière leurs vestes en jean repassées, ces sadiques nous ont appâté à la distribution de bonbons, pour mieux ensuite nous donner sans sourciller du « Do I look like someone who gives a fuck » et « Alpha female, I’ll be right behind you ». De mauvais garçons transpirant le sexe qui brisent les cœurs effarouchés, se battent dans les afters de Belleville, et posent leurs couilles sur le bar en guise de pourboire.
Hautement. Désirables.
Alors chérie entre rythmiques Dépèche-modesques et paroles sordides, ces quatre tordus passent tranquillement la table de la cuisine à la javel avant de t’y coller. T’inquiète bébé avec nous la sodo c’est tout en douceur ça va bien se passer. Une dualité qui fonctionne, peut-être parce que la salle, déjà acquise à leur musique ambivalente, est pleine des enfants de la baise décomplexée des années 80 dont Wild Beasts s’est largement inspiré… Après un gentil petit rappel, la Gaité Lyrique affiche donc l’air coupable et alangui de la Sainte Nitouche qui s’est fait prendre dans l’escalier… et c’est avec un soupir de regret qu’elle laisse les coquins se retirer.
Marie Manceau
[Crédits photos: Solly Alba]
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