Juillet 2016 à La Philharmonie, dans le cadre du festival Days Off
Ce sont les bras croisés et l’œil morne que nous avons vaguement fixé les lights orange tournoyer sur une petite rituelle annonceuse de l’arrivée de The Cinematic Orchestra. Il faut dire que la première partie avait de quoi laisser circonspect : une demi heure de piano jazzy syncopé, blasante à en crever, coincés entre un couple de bourges cinquantenaires et deux punk tatoués d’arrogance du haut de leurs 20 piges. Alors quand dans cette pénombre orange, trois violons ont empli la magnifique arène de la Philharmonie de Paris, les bras nous en sont tombés.
Salle de La Philharmonie de Paris
Le son des cordes est cristallin, gigantesque. La bourge à ma gauche lâche un « oh mon Dieu » fort peu chrétien. Dès ce premier morceau, les musiciens exceptionnels du band font savamment monter les blancs en neige : contrebasse et basse, clavier, guitare, batterie, samples, percussions, saxo s’ajoutent au compte goutte pour construire un paysage musical à (enfin) en boucher un coin au punk le plus averti.
Car The Cinematic Orchestra n’a pas volé son nom : peu importe que l’on ait l’oreille exercée, sa musique fait office d’écran de ciné, on en écoute les tableaux grandioses. La simplicité d’un violoncelle et d’un xylophone accompagnés d’un beat house et de lumières bleutées est suivie d’un défilé de percussions sur des flashs verts criards, mais quel que soit le thème (et ils sont variés, du jazz mélo au trip hop voire rock), on est transporté, on survole des chutes d’eau dans des forêts vierges, des icebergs, des savanes, on ne peut pas en détacher les oreilles, c’est tout simplement magnifique.
Traitez moi de romantique en pleine envolée lyrique, j’assume. C’était toute une salle de romantiques qui était scotchée aux sièges de ce cinéma musical, quant aux titres mieux connus tels « To Build a Home » ou « Breathe » les voix chaudes des trois chanteurs s’en sont mêlées. Devant ce groupe, pas de foule en délire, pas d’amoureux enlacés, nous sommes tous immobiles… Mais ne vous y trompez pas en y voyant de l’ennui. Nous retenions notre souffle de peur que ça s’arrête, happés par la musique comme une horde de biches figées devant les phares d’un camion. Et lorsque l’hypnose collective a pris fin, c’est une ovation énorme qui a roulé interminablement sous les plafonds de cathédrale de La Philharmonie de Paris.
[Exemple: Burnout à Sydney]
Photos d’Antoine Monegier du Sorbier, cliquer pour agrandir: