Juillet 2016
Si je vous dis festival intimiste (1000 participants pour sa première édition l’année dernière), axé électro et food culture, petit paradis de verdure dans les douves d’un château de campagne, vous me répondez le festival de la douve Blanche à Egreville bien sûr !
Animal Records nous mitonne pour la seconde année, une expérience extraordinaire ! Ce jeune Label d’à peine 2 ans (né en 2014 de la rencontre des groupes Bloum et Backbone et du chef Antonin Girard) mêle production musicale pointue (Animal Records) et fooding de luxe (Animal Kitchen) pour notre plus grand plaisir.
Imaginez un peu le soleil de l’après-midi vous caresser les cheveux, le visage et dans vos oreilles le son percutant d’un KillASon remonté à bloc. 1ère révélation de ce festival ! Une vraie claque d’énergie et de virtuosité. Pourtant seul sur scène, il l’habite, danse comme possédé et balance ses sons et sa voix ! Il nous propose un hip-hop électronique et agressif sur lequel, ce jeune prodige (20 ans à peine et déjà rappeur, beatmaker et aussi danseur donc) appose des lyrics en anglais (s’il vous plait) et un flow décalé avec une aisance déconcertante. Il nous entraîne dans son délire et on se déchaîne avec lui. On en veut encore, d’ailleurs on en redemande !
Un petit tour au van-buvette pour un bon vin rouge bio ou une sangria blanche rafraîchissante et on remet ça avec NZCA Lines. Moment plus aérien, psychédélique et poétique. On se pose et on savoure les notes du synthé, les touches pop 80s et les voix qui s’entremêlent. Ce trio anglais, Michael Lovett, Charlotte Hatherley de Ash et Sarah Jones de Hot Chip (rien que ça !), nous offre une pop, mariant science fiction futuriste et rêveries délicates. C’est simple : ils nous dépeignent par cet album l’extinction de toute notre civilisation par un soleil disproportionné. Ils nous font passer de l’euphorie (en attendant la fin du monde, quoi de mieux que de danser et fêter l’humanité) à la triste et dure réalité de cette fin effective. Et pourtant c’est jouissif et on adore !
Rechargés à bloc, nous voilà face à la seconde scène, nous avons rendez-vous avec Stand Wise (groupe du label Animal Records): découverte de la première édition. Je trépigne ! Et là devant nous, le duo parisien, Diego Ribes et Raphaël Bugeaud, se met en œuvre : voix envoûtantes, sons planants ! Leur pop electro, mystérieuse et magnétique, nous électrise : les notes de leurs guitares et de leurs claviers se font tantôt minérales, tantôt mystiques et nous permettent de toucher le soleil qui se couche déjà !
La nuit va être longue et intense ! Mes pieds ne touchent plus le sol, je suis portée par la musique et ne redescendrai que pour aller dormir au petit matin.
Arrive Jacques sur la grande scène. Tout de suite, on sait : le bonhomme est différent, de part sa coupe de cheveux déjà… improbable : rasé au centre et long sur les tempes! Jacques (avec un S car finalement c’est Jacque + Jacque) Auberger, de son vrai nom, est versatile et multiple. A 23 ans, ce Strasbourgeois est et a été compositeur de musique électronique, organisateur de soirées branchées (les fameuses soirées du collectif Pain Surprises), peintre, squatteur, penseur illuminé et accessoirement speaker aux conférences TEDxAlsace ! Il est doué ! Et là face à nous, il triture les sons du monde qui l’entoure, nous entoure (des débris d’assiettes, écoulement d’eau, du scotch, des petits avions, nous public…) pour les transformer en une techno ambient prometteuse. Il crée une matière dense, faite de sons naturels et improbables. Nous sommes à l’affût et nous nous délectons de ce qu’il nous offre ! Un moment jouissif pour les tympans !
La soirée se clôturera pour moi sur un magnifique set de Molécule alias Romain Delahaye ! Mes pieds et mes abdos s’en souviendront longtemps ! Au fur et à mesure qu’il pose ses notes électroniques lourdes, grasses dans l’air, je sens mon corps s’animer. J’embarque avec lui à bord de son chalutier. Il nous fait vivre ses 5 semaines en Haute mer durant lesquelles il a composé son album, 60°Nord 43’ . On tangue sur le Joseph Roty II, ce rafiot rouillé qui vogue sans escales en Mer du Nord, aux confins de l’Islande et de l’Ecosse. Et on danse sur cette expérience hors du commun, mêlant synthés, guitares, sons saisis au gré des vents : pont arrière, salle des moteurs, local sonar…
4h, les douves se sont désertées petit à petit, je n’ai rien vu ! C’est à notre tour de les quitter et de rejoindre pour quelques heures notre tente. Là, résonne encore la musique, les DJ set s’enchaînent, pendant que des insomniaques jouent au volley (dans le noir oui !).
Dimanche matin ! Un café noir et hop nous revoilà au cœur des douves pour apprécier un soleil, certes un peu timide, mais qui réussit à nous réchauffer grâce au son disco funky de l’équipe féminine du The Arts Factory Magazine – TAfMAG. Elles ne se classent pas facilement ces nénettes, tant elles touchent à tout : bloggeuses, journalistes, designeuses et aussi djs. Et c’est par leur DJ Set gai et entraînant, que l’on commence une journée toute en légèreté et bonne humeur ! Le sourire accroché aux oreilles, les mains en l’air, on savoure le son et on vénère le soleil !
Malheureusement cette parenthèse doit se refermer doucement… on a un match à regarder ce soir: Euro oblige ! (même s’il est aussi retransmis dans les douves) Le retour est quelques peu ensommeillé et cotonneux… probablement parce qu’une partie de nous est encore là-bas, à s’enivrer de sons et d’air pur !
À l’année prochaine la Douve blanche !
Crédits photos de Blanche Clément, Cover de Marine Lombard
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